Pages

25 oct. 2012

Kingersheim : le péché du mensonge par omission

GESTION DES DECHETS DANGEREUXKINGERSHEIM  EXEMPLAIRE EN "COMMUNICATION" MAIS PAS POUR DE VRAIES ACTIONS  Une politique riche en mots mais pas d'actes autour d'une vaste poubelle qui remonte à la surface.

Réflexions sur le thème de la gestion des déchets et aspects financiers  
Plus les déchets sont dangereux, plus leur élimination est onéreuse. La gestion des déchets constitue depuis toujours des marchés colossaux et incite des systèmes mafieux à s'en emparer. Avec un minimum de moyens c'est à dire une organisation limitée au transport et aux choix de terrains de dépose facilités par des connivences publiques ou privées,  des attributions légales ou dans l'illégalité et de façon sauvage, des profits élevés peuvent être réalisés rapidement. Au final, les déchets sont déversés dans la nature (gravières, carrières, mines, mers, fleuves, pays pauvres,…). 

Ce trafic là est sans doute bien le plus intéressant en terme d'investissement/temps/profit pour ceux qui ne s'embarrassent ni d'écologie ni de sens moral. 

Voilà pour le présent mais autrefois, c'était encore plus simple, tout le monde se débarrassait de tout n'importe où. L'essentiel était de ne plus rien voir et à moindre coût. Ainsi, les usines du Haut-Rhin autant que la pharmacie et la chimie Suisse Bâloise se débarrassaient de leurs déchets dans la nature proche, et Kingersheim en a hérité d'une partie. Ils y sont toujours et leur présence est insoupçonnée puisqu'ils sont enterrés. Le secteur français qui borde la Suisse, riche en gravières, a favorisé la dépose discrète et facile. Le sous sol est loin d'être propre. Les nappes phréatiques sont corrompues.
Le Rhin - Huningue 
La méthode légale et autorisée se pratiquait pour des sommes modiques, dans des décharges brutes listées officiellement avec des actes administratifs, arrêtés préfectoraux mais sans surveillance puisque ce qu'on y déversait n'avait pas d'importance. Par la façon illégale les déchets étaient déchargés dans la nature en vrac, dans les anciennes gravières, en l'occurence. Y avait-il vraiment une différence entre la pratique légale et la pratique sauvage ? 

Dans certaines communes, la municipalité acceptait favorablement ce business car elle y trouvait une opportunité d'obtenir quelques rentrées financières, même si au vu de la nature des déchets ces opérations s'avèreront des pièges. Un sacré marché de dupe lorsque le vrai contenu s'est révélé plus tard hautement dangereux et que l'eau se retrouvait empoisonnée. Certains maires en bordure de la frontière Suisse ont l'air penaud quand ils arguent "ils m'ont trompé". N'est abusé que celui qui veux bien l'être. Ce fonctionnement était une facilité pour tout le monde. Que les terrains utilisés soient publics ou privés cela arrangeait tout le monde. 

Concernant Kingersheim, une part majeure de son territoire était consacrée à l'exploitation de gravières et au stockage des déchets. La Ville de Mulhouse, les communes avoisinantes et les industries de la région y déversaient leurs ordures ménagères et déchets plus douteux. On dirait bien que Kingersheim était le plus grand secteur d'anciennes décharges de toute nature de la région. Une grande poubelle. 

Aujourd'hui, les déchets y sont toujours bien présents et ornent la commune d'un bien vilain cadastre. Ces décharges ne sont pas situées dans des forêts éloignées comme les dépotoirs le long de la frontière Suisse, mais au cœur même de la commune, là où quantité de personnes travaillent et vivent. Kingersheim étant essentiellement résidentielle avec une importante zone commerciale. 

Les décharges gratuites permettaient de gonfler les bénéfices des industriels. Ceux-ci sous-traitaient le transport, par camion, pour enlever leurs déchets. Je ne suis pas la seule à les avoir vu faire rue des étangs, aux étangs municipaux décharger par camions-bennes entiers, toute sorte de détritus industriels dans une énorme carrière dont l'eau était à fleur. La nappe phréatique baigne les carrières de Kingersheim. La carrière/poubelle a ensuite été comblée de remblais/déchets jusqu'au niveau du sol. Puis, abandonnée elle est devenue friche pleine de ronces, et l'on ne devine plus rien à présent. Des maisons se sont construites  en bordure. Les opérations se sont opérées au mépris total de l'environnement et de la population. Et ceux qui vivent là ne savent pas de quoi est fait leur voisinage. 

Aujourd'hui, sans cesse des affaires liées au traitement des déchets font du bruit dans les médias et notre pays n'est toujours pas propre en la matière quoique l'on essaye de faire paraître. Les déposes toxiques dans les pays en voie de développement s'effectuent toujours. La pratique d'aller chez le voisin est demeurée. 

A l'époque, il n'y avait pas de circulation financière très conséquente ou visible ce qui n'empêchait pas les chiffres d'affaires des industriels de ne pas se trouver amputés des charges réelles de traitement ou de neutralisation des produits. 

L'aspect atteinte à l'environnement on s'en fichait. Le préjudice humain on s'en contrefichait.

L'absence de frais réels liés aux déchets représente des sommes considérables surtout si l'on y additionne à présent les violences faites à l'environnement, à l'empoisonnement de l'eau, des habitants, de leur territoire de vie et des conséquences pour leur descendance. 

Les armes ont été laissées sur les lieux des crimes. Elles y sont toujours. Les enquêtes sont faciles et la mémoire doit être rafraîchie pour les coupables et l'addition présentée. 
Actuellement, la réglementation est contraignante et onéreuse ce qui n'empêche pas quantité de déchets d'aboutir n'importe où en polluant tout. Et de contaminer l'eau, les personnes, de façon invisible, exactement comme par le passé

Que ce soit un système mafieux qui prenne en charge les déchets ou pas on peut arriver aux mêmes effets. Les pratiques n'ont pas changées. Avant, on mettait les déchets à côté de nous, maintenant on les mets plus loin. Avant les déchets rapportaient de l'or aux industriels maintenant ils en rapportent à des systèmes mafieux. Question de vocabulaire peut-être. 

Nous subissons aujourd'hui, et pour un temps indéterminé, toutes les pollutions du passé qui agissent de façon invisible, bien cachées dans les sols. 

On se fout toujours de verser du venin là où des personnes vivent. Au passé comme au présent. On peut aussi se demander si accueillir des déchets dangereux tout comme s'en débarrasser ou ne rien dire, ne participent pas d'un même réseau, d'un même état d'esprit… et donc du même crime.

Ramené à zéro en matière de dépense, il est clair qu'il était plus intéressant de se débarrasser de ses déchets toxiques un peu n'importe où, à Kingersheim, par exemple. Et de bien camoufler tout ça. Merci pour le cadeau surprise. 

Faites-nous mourir à petit feu et en souffrant beaucoup, 
je vous en prie. 
Avec Alzheimer, on aura tout oublié. 

Estimation des coûts d'élimination des produits chimiques : 520 à 3 400 e HT/tonne 
(base de données 2002 agence de l'eau) : 
Evaluation du coût d'assainissement de l'Eselacker à Kingersheim :   " varie de 2,3 millions à un milliard d'euros" (article DNA du 22,10,2008)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire