Pourquoi l'ancienne décharge de Kingersheim est-elle hautement dangereuse ?
Des centaines de substances ont été recensées dans le site de Kingersheim avec quasiment tous les pires produits chimiques jamais créés par l'homme : les POP (cf convention de Stokholm). http://fr.wikipedia.org/wiki/Douze_vilains
Sa particularité est d'être un dépotoir des "Trente Glorieuses" (années de 1945 à 1973). C'était une période de richesse, de gaspillage, d'absence de gestion des déchets, d'insouciance vis-à-vis de l'environnement. Les déchets issus de l'industrialisation en plus des déchets ménagers, étaient versés dans des décharges brutes, autorisées ou sauvages, dans les gravières de Kingersheim qui devenait ainsi un site géant de dépotoirs. Le dépotoir ainsi formé est à présent interdit par une réglementation stricte et par conséquent illégal.
Durant cette période faste de très nombreuse entreprises industrielles et chimiques de la place et de la bordure Suisse, toute proche, ont créé des produits exceptionnels par leur efficacité mais aussi pour leurs effets secondaires sur la santé. Bien que synthétisés dans le passé, ils sont toujours actifs, et ce pour des dizaines d'années. Grâce à leurs propriétés très particulières, ils se dispersent très facilement et "voyagent" de façon invisible par le biais de l'air et de l'eau car le dépotoir de Kingersheim n'est pas confiné et qu'il n'y a aucun dispositif pour recueillir les jus de décharge … Aussi, ce qu'on nomme "le panache" dans les études, c'est-à-dire la zone de contamination chronique humaine et environnementale croît avec le temps, de façon exponentielle, à l'insu de tous.
Jusque dans les années 1970, voir jusqu'en 1980 pour Kingersheim, l'époque et l'esprit d'opportunisme faisaient imaginer que la nature absorbait tous les déchet. Les camions venaient décharger des fûts, des déchets industriels de toute sorte, jusque dans les étangs municipaux. Dans le sol + dans l'eau = hors de la vue = problème réglé.
Tout comme les déchets radioactifs, les déchets chimiques sont vivants. Ils ne perdent pas leurs pouvoirs, leurs qualités du fait d'être des "déchets". Ce sont des produits très puissants, très concentrés qui possèdent tellement de qualités qu'on est incapable de connaître toutes les actions qui vont résulter du fait de leur mélange dans l'eau ou dans les gaz émis du sol. En présence récurrente, les êtres humains échapperont difficilement à leurs impacts d'autant qu'en général on ignore leur présence et que quand on tombe malade on ne sait pas pourquoi.
La nature de ces produits, leur durée de vie, leur absence de confinement, les conclusions de l'étude de risques ont donc de quoi inquiéter. L'absence de mesures et d'informations vers les personnes à proximité et dans le "panache" a de quoi étonner.
Si la période des 30 Glorieuses initia une période de saccage, de pollution massive, c'est nous qui sommes les héritiers des conséquences de ces activités. De la même manière, des "déchets nucléaires" sont produits actuellement pour les offrir au futur. Et de la même manière encore, ils sont cachés dans le sol.
Les villes de Mulhouse/Kingersheim qui étaient très industrialisées, avec un tapissage d'usines textiles et chimiques se placent désormais sans doute en seconde position après la région Nord-Pas-de-Calais concernant l'état de santé des populations.
(cf EDR en possession de la Dreal) relatif au site de Kingersheim
photo DNA - lindane, bord du Rhin, Huningue PUCK |
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